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Interview de Océane Valentin : Cœur d'Éther, le nouveau chef d'œuvre de fantasy

Interview de Océane Valentin : Cœur d'Éther, le nouveau chef d'œuvre de fantasy

Comment l'idée de 'Cœur d'Éther' a-t-elle germé dans votre esprit et qu'est-ce qui vous a inspirée à explorer les sombres profondeurs de l'époque victorienne pour ce récit?

L'idée de Cœur d'Éther a germé progressivement, mais avant même de poser les premiers mots, je savais que mon histoire se déroulerait à l'époque victorienne. C’est une époque que j’ai toujours trouvée captivante, car elle se situe à mi-chemin entre deux grandes phases de l’Histoire. D’un côté, les révolutions scientifiques et techniques bouleversent le quotidien, et de l’autre, les traditions et les codes sociaux continuent de régner, incarnés par des costumes élégants et des mœurs parfois rigides. C’est une société en pleine mutation, tiraillée entre le passé et l'avenir.

J’ai donc voulu plonger mes personnages dans cette époque unique, mais en la réinterprétant à ma façon pour y insérer une dimension fantastique. Le monde que j’ai créé est à la fois familier et onirique. L’idée a mis du temps à mûrir. J’ai longuement réfléchi à la structure de ce roman, souhaitant qu’il mette en lumière des problématiques aussi bien sociétales que politiques, tout en offrant une aventure riche en mystère et en fantasy. Mon objectif était de construire un récit qui intrigue, transporte et invite à réfléchir.

Dans 'Cœur d'Éther', vous mêlez magie, technologie et une rébellion tumultueuse. Comment avez-vous abordé la construction d'un monde où ces éléments coexistent tout en gardant une cohérence interne?

Dans Cœur d’Éther, la coexistence de la magie, de la technologie et de la rébellion reflète une société malade et en pleine transformation. Pour maintenir une cohérence interne, j’ai construit chaque élément comme un tout interconnecté, avec des règles et des dynamiques claires.

L’Éther est une énergie mystique semblable à une force vitale, elle symbolise le lien entre l’humanité et des dimensions au-delà de sa compréhension/des mondes de l'invisible. Seuls les Éthéromanciens peuvent la manipuler, mais ces pouvoirs ont des limites bien définies, ce qui évite qu’ils deviennent une solution trop facile pour mes personnages et ne rende le scénario fade.
La technologie, quant à elle, illustre le progrès tangible et brutal de l’ère industrielle, tirant la société vers une modernité parfois déshumanisante. Ces deux forces, la magie et la technologie, se heurtent et se complètent tout au long du roman puisque l'Éther est exploité par les Hommes, par le biais des alchimistes et des éthéromanciens, pour leur progrès et leur protection.
Au cœur de cet équilibre, le Cœur d’Éther agit comme un catalyseur. En tant qu’artefact conscient, il ne se contente pas d’être un simple outil : il devient un acteur central. Un objet qui confère tout pouvoir.

La rébellion et le gouvernement, tout comme la société dans laquelle ils s’affrontent, sont profondément imparfaits. Les deux camps croient œuvrer pour le bien, mais leurs actions reflètent souvent une violence et une oppression sous-jacentes. Cet équilibre précaire est amplifié par l’influence de la religion, un fil conducteur inhérent à l’époque victorienne, qui pousse certains personnages à agir selon leurs croyances tout en les confrontant à leurs contradictions. Le désir de pouvoir s'exprimera par la volonté des deux camps de mettre la main sur le Cœur d'Éther.

Mon objectif était de mettre en lumière une société complexe et dysfonctionnelle, où chaque élément, qu’il s’agisse de la magie, de la technologie ou des luttes de pouvoir, interagit pour questionner la nature humaine. Le tout est pensé pour offrir une intrigue captivante et un univers riche, tout en invitant le lecteur à réfléchir sur les dilemmes moraux et sociaux de notre propre monde.

Vos personnages sont souvent décrits comme complexes et évoluant dans un univers riche d'intrigues sociales et politiques. Comment développez-vous ces personnages et leurs arcs narratifs pour qu'ils résonnent avec vos lecteurs?

Je m’efforce de développer mes personnages en les rendant profondément humains, avec des qualités, des défauts, un passé et des dilemmes qui les rendent accessibles et crédibles. Mon objectif est de créer des personnages complexes qui résonnent avec les lecteurs, soit parce qu’ils se reconnaissent en eux, soit parce qu’ils prennent plaisir à les adorer… ou à les détester.
Pour y parvenir, je m’assure que chaque personnage a une histoire personnelle qui façonne ses choix et ses interactions. Par exemple, dans Cœur d’Éther, Archibald et Ezekiel, bien qu’opposés par leur caractère et leurs valeurs, sont tous deux marqués par des blessures du passé. Leurs trajectoires reflètent des luttes universelles : la quête de rédemption, la complexité des liens familiaux, ou encore le conflit entre devoir et désir.

Je veille également à intégrer mes personnages dans l’univers social et politique de l’histoire. Ils sont influencés par leur environnement et les événements qui les entourent, mais ils ont aussi un impact sur ce monde. Ce lien entre l’individuel et le collectif permet de donner du relief à leurs arcs narratifs, tout en explorant des thèmes plus larges.

Enfin, j’attache une grande importance à leurs relations : alliances, conflits, trahisons et romances ajoutent une dimension émotionnelle forte à l’histoire. Ces dynamiques permettent de révéler des facettes inédites de leur personnalité, tout en captant l’attention des lecteurs.

En somme, mes personnages sont construits pour engager, provoquer des émotions et pousser à la réflexion, que ce soit en s’identifiant à eux ou en se confrontant à leurs décisions. Ce sont leurs contradictions et leur humanité qui, je l’espère, touchent le lecteur et le laissent marqué bien après avoir refermé le livre.

Rivebay, le cadre fictif de votre série, est un lieu où créatures d'une autre dimension et régime autoritaire se croisent. Quels défis avez-vous rencontrés en créant un univers aussi unique, et comment les avez-vous surmontés?

Créer une ville aussi complexe que Rivebay, a été un véritable défi.
Rivebay n’est pas simplement un décor, c’est un acteur à part entière de l’histoire. J’ai dû longuement réfléchir à ses défenses, à son architecture, à son histoire, à la répartition de ses habitants aux travers ses anneaux, pour lui donner une profondeur crédible. Cela inclut des éléments comme la manière dont elle a été construite, qui l’a dirigée à travers les âges et comment elle s’est adaptée aux menaces, qu’elles viennent du Frost ou d'ailleurs.

Créer un univers, ce n’est pas simplement relater une aventure, c’est construire, pierre par pierre, chaque maison, chaque lieu que les personnages traversent. Tout doit avoir une cohérence et une histoire claire, des remparts qui protègent la ville aux galeries sombres où s’organisent les rébellions.

Pour surmonter ces défis, j’ai beaucoup travaillé sur l’aspect historique de Rivebay, en imaginant une chronologie qui explique pourquoi et comment elle est devenue ce dernier bastion de l’humanité. Heureusement, étant passionnée d’histoire, je ne manque pas de sources d’inspiration. Mes recherches m’ont permis d’intégrer des détails réalistes qui ancrent l’univers tout en gardant une touche de magie et de fantastique.
L’autre défi a été de mêler ces éléments à l’intrigue sans que cela paraisse artificiel. J’ai veillé à ce que chaque aspect de Rivebay influence directement les personnages et l’histoire. Ce travail minutieux donne à Rivebay une identité propre et j’espère que les lecteurs s’y sentent immergés, comme s’ils pouvaient arpenter ses rues et entendre ses habitants.

C'est un travail qui demande du temps, de la curiosité et beaucoup de rigueur.

Le 'Cœur d'Éther' en tant qu'artefact occupe une place centrale dans votre livre. Pourriez-vous nous expliquer sa signification symbolique dans votre œuvre et son rôle dans la lutte pour la survie des personnages?

Le Cœur d’Éther joue un rôle central tant sur le plan narratif que symbolique. Certains personnages y voient un cadeau divin, une bénédiction venue de Dieu pour guider l’humanité. Cette croyance reflète leur foi et leur besoin d’expliquer l’inexplicable dans un monde où la connaissance est encore limitée. En réalité, le Cœur n’est pas d’origine divine, mais la matérialisation d’une énergie pure et puissante.
Ce qui rend le Cœur d’Éther unique, c’est qu’il renferme les esprits de tous les détenteurs qui se sont succédé à travers les âges. Ces esprits apportent au détenteur actuel un savoir universel et une expérience inestimable, agissant comme des guides dans ses choix. Cependant, le Cœur a aussi sa propre volonté, ce qui en fait un artefact à la fois fascinant et imprévisible. Il n’est pas un simple outil : c’est une entité vivante, une conscience qui influence autant qu’elle est influencée.

Sur le plan symbolique, le Cœur d’Éther représente la quête de connaissance, de vérité et de justice. Il incarne également le poids de l’héritage, car le détenteur actuel doit non seulement porter le fardeau de cet artefact, mais aussi celui des générations passées. Chaque décision qu’il prend est éclairée par les expériences de ses prédécesseurs, mais il reste confronté à sa propre humanité et à ses propres dilemmes.
Dans la lutte pour la survie, le Cœur est à la fois un phare d’espoir et un fardeau écrasant. Il offre le savoir nécessaire pour vaincre ses ennemis, mais il exige aussi des concessions énorme de la part de son détenteur.

En somme, le Cœur d’Éther n’est pas qu’un artefact : il est le cœur battant de l’histoire, un symbole de foi, de connaissance et de sacrifice, qui pousse chaque personnage à se confronter à ses propres limites et à ce qu’il est prêt à sacrifier pour sauver l’humanité.

En plus de votre activité d'écriture, vous êtes directrice de la maison d'édition Encre de Légende. Comment jonglez-vous entre ces deux rôles et quelles perspectives cela vous donne-t-il sur l'industrie littéraire?

Être à la fois écrivaine et directrice de la maison d’édition Encre de Légende est un défi, mais aussi une immense richesse. Ces deux rôles se complètent à bien des égards, et jongler entre eux demande une grande organisation, mais surtout une passion constante pour la littérature.

En tant que directrice, je suis immergée dans tous les aspects de l’industrie : la découverte de nouveaux talents, l’accompagnement des auteurs, et le processus éditorial, de la première idée à la publication finale. Cela me donne une perspective précieuse sur les attentes des lecteurs et les dynamiques du marché. Ces connaissances nourrissent mon travail d’auteure, me permettant d’être plus consciente des tendances tout en restant fidèle à ma propre voix créative.
À l’inverse, mon expérience d’écrivaine enrichit mon rôle d’éditrice. En comprenant les doutes, les défis, et les aspirations des auteurs, je suis mieux équipée pour les accompagner dans leur parcours. Être des deux côtés de l’histoire me donne une empathie particulière pour les créateurs et me pousse à valoriser leur vision tout en maintenant les standards d’excellence de notre maison d’édition.

Le défi principal réside dans la gestion du temps. Il faut savoir passer d’un rôle à l’autre sans négliger ni l’un ni l’autre, ce qui demande une discipline et une organisation rigoureuses. Mais c’est aussi un équilibre incroyablement gratifiant. Ces deux casquettes me permettent de contribuer à la littérature sous différentes formes, que ce soit en racontant mes propres histoires ou en aidant d’autres auteurs à porter les leurs jusqu’aux lecteurs.

En somme, cette double perspective me permet d’avoir une vue d’ensemble unique sur l’industrie littéraire, à la fois créative et pragmatique. C’est un privilège et une responsabilité que j’embrasse pleinement.

Avec une adaptation cinématographique en vue pour 'La Reine de Cendre', quelles sont vos réflexions sur la manière dont les thèmes victoriens et fantastiques peuvent être transposés de manière immersive et inattendue à l'écran?

Voir Cœur d'Éther transposé à l’écran serait une expérience à la fois exaltante et stimulante. Les thèmes victoriens et fantastiques qui traversent l’œuvre offrent une richesse visuelle qui, je pense, peuvent être magnifiquement retranscrits au cinéma avec une vision immersive et audacieuse.

Le défi réside dans la capacité à capturer cette dualité propre à l’époque victorienne : une société en pleine transformation, avec ses codes élégants et ses traditions ancrées, mais aussi ses tensions et ses mystères. Cela passe par une esthétique soignée : des décors gothiques, des costumes somptueux et des détails propres à cette époque, tout en y ajoutant une touche de magie. Les éléments fantastiques doivent s’intégrer de manière naturelle pour surprendre le spectateur sans rompre la cohérence de l’univers.
J’aimerais que cette adaptation reste fidèle aux thèmes centraux du roman : la lutte entre tradition et modernité, les questions de pouvoir et de sacrifice, et la profondeur des relations humaines. Ces éléments sont intemporels et universels, et bien qu’ils soient ancrés dans un contexte victorien, ils résonnent avec les spectateurs d’aujourd’hui.

Je suis très curieuse de voir comment une équipe de cinéastes talentueux pourrait réinterpréter cet univers, en lui apportant une nouvelle dimension tout en préservant l’essence du récit. Ce mélange offre un terrain de jeu visuel et narratif qui, je l’espère, saura captiver le public autant qu’il m’a inspirée lors de l’écriture.

Pour en savoir plus : https://www.editionencredelegende.com/

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