Paris des années 80 entre vendettas mafieuses et chroniques littéraires

Bonjour Sébastien, vous êtes auteur aux Éditions du Caïman. Pouvez-vous nous parler de votre lien avec le Paris des années 80, ainsi que de ce qui vous a inspiré à choisir ce cadre si particulier dans votre travail ?

Bonjour et merci de m'accueillir parmi vous. Le lien entre le livre et le Paris des années 80 réside surtout avec mon amour du cinéma, notamment celui des années Delon, Gabin, Belmondo et j'en passe. À cette époque, pas de portable, pas de technologie, seulement des hommes nés durant la guerre et qui en portent encore les stigmates. C'est l'époque de certains codes d'honneur entre flics et voyous, l'époque des dialogues affutés et des personnages qui aiment la France. J'adore cette atmosphère.

Les années 80 à Paris étaient marquées par des tensions et des vendettas mafieuses. Comment intégrez-vous cet aspect sombre et complexe de l'histoire de la ville dans vos chroniques littéraires ?

J'essaie de raconter des histoires de gens simples qui nagent dans un aquarium habité de dangereux prédateurs. Le héros de l'histoire est un ancien d'Indochine qui n'aspire qu'à la paix. Mais la guerre repointe le bout de son nez avec de nouveaux ennemis tout aussi dangereux. Il n'y a qu'un voile mince entre les voyous et les forces de l'ordre. Une atmosphère où seul un code d'honneur parvient encore à humaniser les protagonistes.

En tant qu'auteur, quels défis rencontrez-vous en recréant l'ambiance de Paris dans les années 80 tout en maintenant une authenticité historique et littéraire ?

Les noms des rues, surtout. Il est facile de se renseigner sur les voitures, les paysages et les divers lieux géographiques. Mais si l'on veut être cohérent, il ne faut rien laisser au hasard et cibler ses recherches.

Pensez-vous que la représentation des vendettas mafieuses dans la littérature soit influencée par les œuvres cinématographiques de l'époque, et si oui, comment cela se manifeste-t-il dans votre écriture ?

Dans les années 50 ou 60, le cinéma était lui, influencé par les écrits d'auteurs célèbres : Simonin, Manchette, Simenon... Aujourd'hui, c'est l'inverse. Je ne peux pas répondre pour mes camarades auteurs, mais je pense en effet que la littérature actuelle est surtout influencée par le cinéma de cette époque. Et puis, il y a une raison toute simple : bon nombre d'entre nous n'étaient pas nés à cette époque :)

Quels éléments culturels de cette décennie à Paris, à part les vendettas mafieuses, trouvez-vous particulièrement captivants et comment les utilisez-vous pour enrichir vos œuvres littéraires ?

Comment les gens se retrouvaient-ils à l'époque ? Là était ma première interrogation. Les gens partageaient du temps dans les cafés, les cabarets, les parcs, les bistros... C'est de là que tout partait. Et cela a été pour moi non seulement un défi de recréer le Paris de cette époque, mais aussi un réel plaisir.

Selon vous, comment l'intérêt littéraire pour les années 80 à Paris va-t-il évoluer au cours des prochaines années et quelles tendances pourraient se dessiner ?

Aujourd'hui, les éditeurs cherchent la plupart du temps, des auteurs qui répondent à un cadre, un cahier des charges bien défini. Un thriller doit aujourd'hui comporter un flic, une affaire criminelle à la limite du supportable, une romance et une architecture que l'on retrouve d'un livre à l'autre. En tout cas, ce n'est que mon avis. Je doute qu'on revienne un jour au passé dans la littérature. Les éditeurs sont plutôt friands des mouvements de mode. Proposez un projet qui sort des sentiers battus, vous essuierez des refus tous les jours. Heureusement, il subsiste encore des éditeurs qui cherchent des électrons libres. Je me vois comme un tocard sur lequel peu d'éditeurs voudraient parier :)

Pour conclure, quel message ou quel conseil aimeriez-vous partager avec nos lecteurs qui s'intéressent à plonger dans le monde littéraire de Paris des années 80 ?

De revisiter les livres de Raf Vallet, José Giovanni, Frédéric Dard, tous les auteurs qui ont fait de cette époque un vivier d'histoires aussi originales que surprenantes. Sans parler des qualités littéraires qui vont avec. Je conseille aussi aux lecteurs de revoir les films des années 50 à 80 avec Delon, Belmondo, Ventura, Gabin. Ces films sont souvent tirés de livres rédigés par des auteurs aujourd'hui, et à mon grand désarroi, oubliés.

Pour en savoir plus : https://[email protected]

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